Utopophonies

 

(Laboratoire d’ethno-musicologie potentielle)

Projet conçu et réalisé en 2010 dans le cadre de l’atelier musique des étudiants infirmiers de l’IFITS.


« Utopophonies », c’est à dire : les sons des lieux qui n’existent pas.

Et « laboratoire d’ethno-musicologie potentielle » en clin d’œil à l’OULIPO, pour la notion d’écriture à base de contraintes : le propos était d’inventer un lieu, son peuple, son environnement sonore.


Ce projet a été initié et réalisé dans le cadre de l’atelier musique pour les étudiants infirmiers de la promotion 2007-2010. L’objet de ces ateliers est d’offrir à ces étudiants —dont aucun n’était musicien au départ— la possibilité d’approcher une démarche artistique, avec le souci d’inscrire leur travail individuel dans une perspective collective : l’enjeu était de constituer un véritable groupe, ce qui n’est pas sans lien avec le futur exercice en équipe d’une profession de soins. Et c’est avec l’intention d’élargir cette perspective à l’échelle de l’école que nous avons convié l’atelier MAO à nous fournir un morceau, et l’atelier Arts Plastiques à nous confier des dessins.


Dans ce cd, il s’agissait de mettre en forme et en pratique les différentes techniques d’improvisation collective abordées pendant les deux années d’atelier, en laissant une large place à la créativité de chacun.


Utopophonies, encore. Le titre oblige à se représenter un « ailleurs radical », à se situer dans la géographie de l’inexistant. Pour susciter cet ailleurs, nous avons d’une part emprunté des idées à des sources littéraires (souvent puisées dans le « Dictionnaire des lieux imaginaires » d’Alberto Manguel), et avons d’autre part joué avec le retournement ou le détournement de nos valeurs et codes habituels. C’est aussi un chemin créatif : à l’opposé du divertissement qui s’exprime dans des formes sans surprise, la création est par essence le fruit d’une subjectivité inventive, pour laquelle il faut apprendre à sortir des rails et des sentiers battus, prendre le large et les voies de traverses. C’est le sens de ce voyage imaginaire, qui est aussi représentatif du cheminement de l’atelier.


Mais ces retournements des codes et des valeurs font encore écho aux nôtres, et nous obligent à reconsidérer la réalité à la lumière de ces propositions imaginaires.

Il s’agissait aussi —au delà de l’expérience purement musicale— d’inviter les étudiants à se positionner et à prendre place dans ce processus de création collective, et à faire leur les questionnements que soulève une telle entreprise artistique.

Les pièces proposées —tour à tour ludiques et impertinentes, ou bien  énigmatiques et poétiques— témoignent de l’appropriation de ces processus et de ces questionnements par les étudiants.

Pour qui veut « écouter entre les lignes », il s’y joue des drames qui ne sont sans doute  pas si éloignés du monde dans lequel nous vivons : l’imaginaire exploré résonne avec le réel… Cependant toutes ressemblances avec des civilisations existantes ne sauraient être que fortuites.


G.Ascal Avril 2010




Pour plus d’infos, écouter ou vous procurer le cd, contactez-moi



















CONTENU DU CD:



  1. 1)prélude : première rencontre du troisième type (F.C.) 2’13

Une improvisation avec la clarinette de François Cotinaud...


-2) Pays des Hacs // spectacle n°30 bis (*) 2’14


Au pays des Hacs, situé d’après Henri Michaux en Grande Garabagne, les voyageurs seront surpris par de nombreux évènements étranges, souvent d’une grande cruauté. Il s’agit en fait de spectacles qui sont tous numérotés. Le spectacle n° 30 s’intitule « la mort reçue dans une cour du palais ». La famille du condamné en tire un grand honneur, et le condamné lui-même en éprouve une intense satisfaction. Il faut éviter de sortir après 16 heures sans être accompagné de solides molosses, car c’est l’heure des lâchers d’ours et de loups, qui font partie du n° 76.

Dans le spectacle n° 30 bis, le condamné est immédiatement dépecé, et on tend sa peau sur de grandes caisses de résonnance en bois et en terre cuite. Les os longs tels les tibias et fémurs sont immédiatement raclés, et deviennent des baguettes de percussion avec lesquelles les convives frappent des rythmes joyeux sur les instruments qui viennent d’être ainsi confectionnés. Les dents à moitié déchaussées de la mâchoire font à cette occasion d’excellents maracas.

Jugez-en plutôt, puisque c’est ce spectacle n°30 bis que nous avons pu enregistrer.



-3) Ile des sirènes // vocalises et chant d’ennui 3’18


On a longtemps cru que l’Île des Sirènes était un mythe propagé par l’odyssée d’Homère, et qu’elle n’existait que dans les récits de ces marins qui, tel Ulysse, s’étaient fait attacher au mat de leur navire pour pouvoir entendre le chant des sirènes sans y succomber.

Aujourd’hui, une étude démographique poussée à permis de reconstituer très précisément les mouvements migratoires des sirènes, qui sont venues jusque sur les rives du Rhin au cours du XIXème siècle, et qu’on a ensuite retrouvées dans des bars irlandais au XXème siècle, où elles vendaient de la Guiness.

L’île originelle a par ailleurs été parfaitement géo-localisée, et c’est grâce une technique par satellite que nous avons pu réaliser cet enregistrement où l’on entend pour la première fois l’activité des sirènes lorsqu’aucun bateau ne passe, aucun marin ne survient.



-4) Terre de bricomanie // rituel de mariage 1’52


En terre de Bricomanie, les habitants sont d’un naturel jovial et hyperactif. Leur principale occupation est de fabriquer des étagères et de planter des clous pour y disposer leurs plus beaux outils. En effet, l’ascension de la pyramide sociale en bricomanie se fait à la force du marteau. C’est une société patriarcale, et l’un des exemples les plus achevés sur la planète de ce qu’est véritablement une méritocratie. Les bricomaniens sont toujours âpres au gain, et ne rechignent jamais à travailler plus, ni à se lever tôt, et restent toujours d’excellente humeur.

Les jeunes filles les plus grosses ou obèses sont très prisées car la coutume veut qu’au moment de leur mariage elles apportent une dot constituée de leur poids en boites de clous. Lors de la cérémonie nuptiale, les deux familles se réunissent pour confectionner le lit de noces sur lequel le jeune couple doit immédiatement consommer les épousailles, stimulé par le son joyeux des marteaux et des tournevis.

C’est ce moment particulièrement festif que nous avons réussi à capter avec nos microphones dissimulés dans des perceuses et des rabots.



-5) Royaume d’Auspasie // soirée théâtrale (*) 3’33


Le royaume d’Auspasie, visité pour la première fois par Georges Duhamel en 1922, est soumis à un babil incessant, et sa capitale est plus bruyante que New York. Le parlement est un vaste salon de papotage.

Le pouvoir et les richesses sont concentrés aux mains de quelques orateurs passés maîtres dans l’art de la rhétorique. Le fond étant secondaire par rapport à la forme, on apprécie à Auspasie toute intervention sonore intempestive, aussi bien dans les meetings politiques qu’au théâtre.

Voici une scène extraite d’une pièce de Justin Babilot, qui est un des dramaturges les plus célèbres d’Auspasie. Il est difficile d’y différencier les acteurs et le public.



-6) Plateau du Larzac // Hymne de la république autonome des hommes-fourmis 3’08


Depuis la vague de migration génétiques issues des cultures OGM en plein champs dans les années 2050, on a vu éclore sur les plateaux du Larzac de nombreuses colonies de mutants que sont les hommes-fourmis. Ceux-ci sont pourvus de 6 mains infatigables, qui leur permettent d’exceller dans la sur-mécanisation de tâches répétitives. Ils vivent dans des hôtels-capsules : ce sont des étagères à tiroir, aux dimensions exactes de chaque individus.

Les hommes fourmis ne se déplacent qu’en métro, en évitant soigneusement de croiser le regard de leur prochain. Leur société n’a qu’un seul morceau de musique (leur hymne national), qui n’est audible que d’une station à l’autre : les rames de métro ont en effet des roues qui sont toutes équipées d’un même mécanisme, comparable à celui d’une boite à musique. Un système de découplage ingénieux permet au morceau de se densifier sans changer de vitesse même si le métro accélère.

Voici cet hymne capté pendant un trajet en métro.



-7) Protocosme // conférence pour l’amitié entre les peuples imaginaires (*) 2’07


Les mégamicres, habitants de protocosme (une ile souterraine de 90 millions de kilomètres carrés au centre de la terre), sont hermaphrodites et ovipares. Ils naissent par paires et se nourrissent de leur propre lait. Nous savons depuis la description qu’en a fait Seingalt en 1788, que leur langue est constituée exclusivement de voyelles car les consonnes heurtent leurs tympans très sensibles.

Au contraire, les Mlch, habitants de la terre de Brodie, ont un langage exclusivement monosyllabique à base de consonnes, dont chaque terme correspond à une idée générale, tandis que le sens précis est donné par le contexte ou par des mimiques. Ainsi, selon Borgès qui s’y est intéressé en 1970, le mot « nzr » suggère une dispersion de points et peut désigner un ciel étoilé, un léopard, un vol d’oiseaux, l’acte de jeter, d’être éclaboussé, ou encore la fuite après une défaite.

L’extrait qui vient a été enregistré à protocosme lors de l’inauguration de la conférence internationale pour la paix et l’amitié entre les peuples imaginaires : on y entend une conversation entre mlch et mégamicres.



-8) Forêt d’Etampes // Protocole aborigène de mise à l’heure 2’59


Au cœur de la forêt d’Etampes, on trouve encore quelques colonies d’aborigènes de Seine et Oise, qui se sont implantés là pendant la révolution française. Ces aborigènes ont adopté à l’époque le calendrier des mégamicres de protocosme : le temps ne s’y écoule pas à la même vitesse pour tout le monde. L’année est partagée en 4 périodes de « bois-vert brulés » de 45 jours, égales chacune à 5 pentamans de 5 jours et 20 heures. L’heure vaut 36 minutes, la minutes 36 secondes, et la seconde correspond exactement à la pulsation artérielle. Celle-ci varie beaucoup en fonction de l’état émotionnel du sujet, c’est pourquoi on ne demande jamais à quelqu’un « quelle heure est-il ? » mais plutôt « à quelle heure êtes-vous ? ». Voici un enregistrement où les aborigènes de Seine et Oise se livre à une cérémonie de mise à l’heure : ils y recherchent une émotion collective qui leur procurera la sensation de vivre à la même vitesse.



-9) Ile de la Santé // manifestation de l’ordre infirmier (*) 4’23


Dans l’île de la Santé (à ne pas confondre avec la prison du même nom), l’hygiène et la prophylaxie sont arrivées à un degré proche de la perfection. Suite aux grandes épidémies de grippe aviaire du XIIème siècle avant notre ère, les autorités locales ont décidé d’éradiquer tout germe infectieux de la surface de l’île, qui est désormais placée sous une immense cloche stérile.

Aujourd’hui, la population se répartit en deux catégories résolument ennemies : les patients et les infirmiers. Le taux de chômage est très élevé chez les infirmiers, car tout malade est immédiatement euthanasié, et les corps scrupuleusement désinfectés et détruits. Les patients sont au pouvoir depuis cinq siècles, et ont instauré une loi martiale appelée la D.B.S.B.E.P.T., ou « dictature de la bonne santé et du bien-être pour tous ». Tout contrevenant à cette loi absolue est condamné à vivre dans un hammam ou un jacuzzi baigné d’une lumière douce, et à subir des massages apaisants jusqu’à la fin de ses jours. C’est ainsi que sont matées la plupart des révolutions conduites par l’ordre infirmier, qui est le parti d’opposition clandestin.

Nous avons pu enregistrer quelques extraits d’une manifestation d’infirmiers, qui a été très sévèrement réprimée : tous les participants que vous entendez croupissent à présent au fond d’un hammam aux senteurs d’eucalyptus, avec des haut-parleurs qui diffusent de la musique relaxante.



-10) Aléophane // Fallallaroo (sur instruments traditionnels d’époque) 2’33


Aléophane est une cité de marbre qui domine l’archipel de Riallaro, dans le sud-est de l’océan pacifique. D’après les écrits de Godfrey Sweven en 1901, elle fut peuplée à l’origine par les bannis de Limanora, qui y fondèrent une monarchie reposant sur un système complexe de castes. L’église est une institution d’état. On n’entre pas en religion volontairement. Aux criminels, on donne le choix entre le clergé et le journalisme, tant les deux sont liés : les journalistes sont là pour transcrire la parole de l’église, qui a par ailleurs fusionné avec le théâtre pour mettre en scène des services religieux très élaborés. Le ministère de l’adoration publique est le plus riche, devant le bureau de la renommée, auprès duquel on peut s’acheter une réputation. Les réputations posthumes ou ancestrales sont également en vente.

Dans la haute société, le divertissement à la mode s’appelle le Fallallaroo : il s’agit de faire la roue autour d’une pièce, au rythme d’une musique rapide. Les connaissances nouées au cours de telles réunions mondaines se terminent souvent par des mariages. Voici une musique de Fallallaro.



-11) Limanora // concert de duomovamolan (*) 2’50


Voisine d’Aléophane, Limanora est une île de l’archipel Riallaro, dissimulée derrière un anneau de Brouillard, et dominée par la cime enneigée du volcan Lilaroma.

Petits et larges de poitrine, avec de longs bras et une énorme tête, les limanoriens vivent plusieurs centaines d’années, et ne fondent pas de famille avant l’âge de 75 ans. Leur peau leur permet de discerner différentes sources lumineuses, et ils ont la faculté de voler.

La langue répond à des exigences de précision absolue: aucun mot n’est utilisé sans qu’il n’ait été dégagé de toute ambiguïté. Ainsi un adage local stipule qu’il faut « s’occuper des sons et laisser le sens s’occuper de lui-même ».

Dans la ville de de Tellanora, le théâtre abrite un duomovamolan. Il s’agit d’un instrument qui transpose la musique du cosmos en son et lumière. Les limanoriens assistent au concert suspendus sous le dôme du théâtre. L’enregistrement qui suit ne rend malheureusement pas compte des subtilités lumineuses de cet évènement.



-12) Hélikonda (1) // transe populaire polymétrique 2’52


Hélikonda, une des îles de la sagesse dans le pacifique nord, a déjà été décrite en 1922 par notre prédecesseur Alexander Moskowski. Elle est entièrement vouée à la philosophie de l’art pour l’art. La capitale est une ville circulaire construite autour d’une place centrale à colonnades où l’on donne des concerts de 3000 musiciens devant un public de 12000 personnes. A Hélikonda, on travaille sans cesse à chercher des formes nouvelles : les musiques du passé sont conservés comme des vestiges pétrifiés, destinés à mettre en valeur la supériorité de la musique actuelle. Le grand compositeur Kakordo, célèbre pour ses symphonies logarythmiques, a également écrit des pièces mathématiques pour les bals populaires, basées sur des superpositions métriques générant des décalages cycliques. A notre connaissance, c’est la première fois que ces œuvres sortent de l’île.



-13) Hélikonda (2) // portraits à l’optophone (*) 1’40


L’une des inventions les plus surprenantes d’Hélinkonda est l’optophone, un appareil qui transmue tout objet en son équivalent musical. La perception des images auditives demande cependant un bon développement sensoriel, et la plupart des auditeurs n’entendront rien. Nous avons soumis à l’optophone quelques portraits photographiques de nos formateurs en ethno-musicologie potentielle à l’IFITS (institut pour la fructification des imaginaires territoriaux et sonores) à Neuilly sur Marne, et dont voici la transcription sonore...



-14) Archipel des pyromanes // cérémonie de rallumage du feu 2’07


L’archipel des pyromanes est situé au milieu d’un lac de pétrole, près du pôle nord.

Les habitants s’éclairent et se chauffent en mettant le feu au lac. Le climat est hostile et le feu est fréquemment éteint par de violents orages de glace.

Après chaque orage, le rituel de rallumage du feu suit un cours immuable depuis la nuit des temps : les jeunes exécutent une danse ternaire au son des briquets, puis les adultes de la communauté frottent des allumettes qu’ils jettent dans le lac; seuls quelques vieillards initiés ont le droit de jouer du chalumeau. Les enfants accompagnent le tout en tapant dans les mains.

La religion des pyromaniens est très simple : ils se représentent le paradis sous la forme d’un grand brasier, et qualifient l’enfer de jour de pluie sans fin. Ils sont monothéistes et pensent que Dieu réside au-delà de la couche d’ozone, et qu’il faut la trouer pour le trouver.

(Il va sans dire que le bilan carbone de l’archipel des pyromanes est désastreux, c’est d’ailleurs l’une des questions qui a bloqué le sommet de Copenhague en décembre 2009.)

Nous avons pu réaliser une prise de son –totalement inédite- de ce rituel de rallumage du feu.



-15) Hardland // soirée à Headbanger’s-City 2’47


A headbanger’s city, (capitale du Hardland) tout est saturé. La devise nationale préconise qu’il faut « hurler sa haine de vivre, toujours plus fort ». Il est très malpoli de ne pas crier lorsqu’on s’adresse à quelqu’un.

La principale activité des habitants consiste à faire du hard-rock par tous les moyens pendant les périodes de veille, et à en écouter pendant les temps de sommeil.

La pression acoustique exercée sur les tympans des voyageurs atteint les 320 décibels en centre-ville, et il est fortement déconseillé de s’y aventurer sans protection auditive. Cependant, la structure sociale étant très anarchique et les services publics inexistants, il arrive fréquemment que des coupures d’électricité imposent de brèves accalmies. Ces moments de repos forcé laissent les hardlandais dans un profond désarroi, et le nombre de suicide atteint alors des pics spectaculaires.

Il y a eu une de ces coupure de courant pendant notre voyage d’étude à headbanger’s city. Par chance, notre magnétophone tournait.



-16) Royaume des Trolls // folklore traditionnel troll 2’49


Au royaume des Trolls, dont Ibsen s’est beaucoup inspiré pour écrire Peer Gynt en 1867, les voyageurs dotés d’une vue normale remarqueront que, dans ce pays, tout semble avoir 2 faces. Une belle joueuse de harpe, par exemple, devient une vache grattant les cordes avec son sabot ; une jeune danseuse se transforme en truie en bas mi-longs, essayant de danser sans jamais y parvenir. Tout paraît simultanément noir et blanc, beau et laid. Le roi des Trolls proposa un jour à un voyageur de lui arracher l’œil gauche, afin qu’il put discerner parfaitement toutes les choses comme un vrai Troll.

Il est très étonnant qu’Ibsen n’ait pas relaté que le même phénomène de dédoublement se produit pour l’audition. Cet enregistrement d’un morceau du folklore traditionnel troll en témoigne, et rétablit ainsi cette vérité trop souvent oubliée.



-17) Royaume d’Horselberg // traversée du tunnel 2’08


On peut supposer que ce sont des sortes de sirènes qu’on entend lorsqu’on entre au royaume d’Horselberg : il s’agit d’une vaste montagne sous laquelle s’étend le royaume de Vénus, tout entier consacré aux plaisirs de la chair. Selon Aubrey Beardsley, pour pénétrer dans le royaume, il faut « traverser un portique aux sculptures érotiques plus belles que celles du Japon, descendre le long d’un tunnel recouvert d’herbes tristes et sauvages, et croiser des mites aux ailes si éclatantes qu’elles semblent s’être nourries de tapisseries ».

Pendant cette traversée, le voyageur est baigné dans une musique mystérieuse, lancinante et langoureuse. Nos collègues étudiants et chercheurs en ethnomusicologie potentielle qui se sont aventurés dans ce tunnel ont eu la bonté de nous faire parvenir par téléphone cellulaire ce premier enregistrement, mais ne sont pas revenus du royaume de Vénus. Nous sommes sans nouvelle d’eux, et ils semble qu’ils aient fait le choix de rester sur place pour une durée indéterminée.



-18) Bonus track à Maison-Blanche // Test K2 (liturgie de la secte Mao) 3’21


Notre voyage d’étude s’est achevé à Neuilly sur Marne : au 3 avenue Jean Jaurès, nous avons découvert un groupuscule d’humains en blouse blanche. Parmi ces derniers, nous nous sommes intéressé à la secte des MAOistes. Les maoïstes se réunissent dans une salle d’informatique dans laquelle ils détournent du matériel médical à des fins musicales. C’est là que réside leur gourou qui se fait appeler « le grand timonier de l’onde Marc Hénot ». Il n’est pas rare de l’entendre jouer du scanner ou de l’IRM. Sous son emprise, les Maos préparent des musiques rituelles pour des cérémonies collectives qui ont lieu le samedi soir, et au cours desquelles ils se livrent à des gesticulations étranges après avoir ingurgité des breuvages déshinibiteurs. A l’origine, les maoïstes étaient souvent des cultivateurs, et ils portaient des vestes bleues plutôt que des blouses blanches; il est indéniable que l’avènement de l’informatique musicale a été pour eux une révolution culturelle de première ampleur, sans quoi ils en seraient encore à la réforme agraire.

Voici quelques exemples de musiques liturgiques dont les maoïstes usent pour leur grande communion du samedi soir.


-19) Postlude bio : deuxième rencontre du troisième type (un singe dans la nature) 2’40

      


     (Durée totale 51’20)

CD gratuit, interdit à la vente (me contacter pour l’obtenir)

©Atelier musique ifits

IFITS 2010



Les enregistrements ont été réalisés au cours de 6 séances d’atelier entre janvier et avril 2010.


Gaël Ascal : conception et direction du projet, enregistrements, montage, mixage, mastering, textes, photos, « poutre » sur plage 10.

François Cotinaud : clarinettiste (sur l’introduction) et sound-painter,  était intervenu dans l’atelier en 2009 pour initier les étudiants au sound-painting (une langue des signes permettant de diriger des improvisations collective). Il était tout naturel de le convier à nouveau pour prendre les rennes de quelques morceaux (signalés par une * dans la liste ci-dessus).

Kenny Charles: morceau « test K2 » (plage 18), réalisé dans le cadre de l’atelier Musique Assistée par Ordinateur (MAO) de Marc Énot.


Christine Marcoux : réalisation graphique du cd.

Carine Daumont, Julie Babet : dessins de la couverture et du cd, réalisés dans le cadre de l’atelier art plastique de Virginie Jais.



Les compositeurs et interprètes de la promotion infirmière 2007-2010 (voix et percussions, sauf sur plage 18):

Groupe X :

Charleyne Alexandre-Alexis, Nadia ATTAF, Haasna BADATE, Stevens BALTYDE, Anne-Charlotte BAUDOUIN, Haroun BENCHIHA, Louise-Marie BOURNEUF, Sandrine-Myriam BRITO, Elodie CERISIER, Cécile CHARRE, Pauline CYRILLE, Lauriane DULIN, Sandrine EUDELIN-TERLICOQ, Ophélie GAMBADE, Marie-Luisa GOVINDIN, Nadia HEDAK

Groupe Y :

Audrey KIBONGI, Hilde KOULLA-KOTTO, Sophie LAO, Caroline LENFANT, Warda MAALEM, Pie X MABIN-MOUKALA, Jean MAPIMBI ABONGO, Aurélien MATHEY, Isabel Mélicine, Sandie MIELLE, Anaïs MILLET, Maridhiya MOUMINI, Solange NGO BATOUM, Elise PAYET, Mélissa PAYET, Valentine RAM, Armand SEVERIN



Gaël Ascal et les étudiants participants remercient Anne-Marie Garnier (directrice de l’IFITS), Gérard Léonard et Martine Rigaudon (formateurs référents pour les ateliers), et Nicolas Méreau (chargé de mission), pour leur attention et leur soutien qui ont rendu possible cette réalisation.





Sans lien direct avec le contenu du cd, vous pouvez entrevoir quelques uns des participants à ce projet sur cette vidéo réalisée par Eric Morency à l’occasion de la fête des ateliers, avec François Cotinaud en sound-painter invité...